akim el sikameya
Dimanche 8 février 2009
Akim El Sikameya
"Un chouia d’amour"
(World Music Network/Harmonia Mundi)
Les jeunes algériens ne quittent pas leur pays par hasard. Né à Oran, Akim El Sikameya fuit les exactions du FIS et la fatwa lancée contre les artistes et les intellectuels au début des années 90, pour poser ses malles à Marseille où son premier album sort en 1999.
Repéré par World Music Network après un triomphe au Womad (la crème des festivals World) en 2005, « Un chouia d’amour », son troisième disque, est un condensé de ses talents et influences, un album très abouti, dans lequel on sent l’expérience d’un musicien accompli. Oran, capitale du raï et des "cheb", se révèle ici sous le prisme plus classique des musiques arabo-andalouses.
Longs morceaux codifiés dont la succession doit rythmer les 24 heures de la journée, les noubas sont l’héritage du métissage des influences mauresques et des musiques arabes. Élève dès son jeune âge d’une école de musique arabo-andalouse, Akim dispose d’un bagage classique et l’utilise pour résumer les noubas à quelques minutes et autant de mini-symphonies. Alors que le raï anime la jeunesse algérienne, il se sert du savoir des anciens en conservant l’esprit Al Andalous et en faisant de sa voix exceptionnelle le laissez-passer de sa musique : une voix androgyne et sans âge, dont les accents peuvent rappeler Cheikha Rimitti ou Biyouna, suave et patinée, à la fois pleine d’aspérité et de chaleur, qui porte littéralement chaque morceau. Un pied de chaque côté des rives de la Méditerranée
On ne sera donc guère étonné que le violon, posé sur la cuisse (même debout dans la posture qui le caractérise sur scène), se fasse l’écho de l’accordéon et s’enrichisse d’accents flamenco, tziganes ou d’autres sonorités d’Afrique, dépassant désormais largement le cadre de l’Arabo-andalou. Martin Longley de la BBC
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Stéphane Andrieu
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